Comme par hasard, elle s’appelle Lili. Un peu comme notre mascotte. La vraie magie de Dieu. Depuis que j’ai élu domicile dans ce quartier, Lili n’a jamais porté un short. Du moins, en public. Je ne sais pas si c’est à cause de ses rondeurs. En même temps, on est en Afrique et on aime ça. Lili à l’habitude de nous dire : « le short et le maillot, c’est pour les gens qui n’ont vraiment rien à faire ». Je pense que Lili n’avait pas encore compris la force et l’impact du foot sur un être humain.
Lili a la manie de roder par moment dans le « tchapalo » qui est non-loin de la maison. C’est courant chez les filles vivant #DansLesMapanes. A force de discuter avec les habitués du « deux gorgés sans soûler », elle a appris que le pays organisait la coupe d’Afrique de football. Et les acteurs principaux, j’aurais dû dire actrices principales, sont des femmes. Incroyable ! Des femmes qui jouent au foot ? Voilà la question rhétorique de Lili depuis une semaine ; matin et soir. Au point où, ma voisine de lit à même voulu me soupçonner avant de se rétracter.
Je vous ai dit que Lili n’a jamais porté un short à notre connaissance. Mais le samedi 19 novembre 2016, jour d’ouverture de cette 10ème édition de la CAN féminine, Lili a mis le short, un maillot et les chaussettes de son mari. Ayooohhh mba ndehhhhh ! Il fallait entendre les cris à l’extérieur. Au début, j’ai cru à une scène de bagarre fréquente dans les quartiers non-administratifs comme le mien. Que non ! Je m’approche. Lentement mais surement. Euchhh ! Que vois-je ? C’est bien Lili. Elle m’accueille en disant : « on va gagner tu vas voir. Le tintin (mascotte, elle voulait dire) qui est au stade là s’appelle aussi Lili. C’est mon homonyme. On a la chance ! ». Même répondre m’a dépassé. La bouche grandement ouverte, je n’en revenais pas. Lili en short ? Un signe prémonitoire ? Woman don’t know !
Au bout des 90 min de jeu, le Cameroun remporte la partie par deux buts à zéro. C’est encore Lili qui a posé les baffles à la véranda et a mis en boucle, la chanson « On a gagné, on a gagné » de Petit Pays. De la passivité à l’activisme. Et comme cela ne suffisait pas, elle a acheté à boire à tous les « mapaneurs » du coin. J’ignore si c’était l’argent de sa ration, mais il fallait en profiter. Une fois n’est pas coutume ; même si la coutume commence par une fois. Le dimanche suivant, Lili était au stade aux premières lueurs de la matinée pour faire le footing. Elle a même jonglé le ballon. J’espère que dans sa tête, elle n’envisage pas une carrière footballistique vue qu’elle avoisine la quarantaine. De toute façon, je lui ai déjà donné le programme de la prochaine rencontre des lionnes indomptables du Cameroun. Probablement que cette fois, elle nous emmènera tous dans un fan zone. Qui sait ? Le foot déchaîne des passions et suscite des envies. Au nom du foot, de Lili et de la sainte générosité. Amennnnnn !!!!
Frank William Batchou
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