Une fois encore, ils sont dehors. Comme des termites à la recherche de leur pitance journalière. Ils écument nos rues durant la journée, faisant miroiter aux populations (affamées), les grands projets qui se réaliseront par la poussée de leur ventre, la construction de leur maison personnelle et l’achat des grosses cylindrées.
J’avais dit l’affaire-ci. J’avais bien dit que les élections couplées du 30 septembre 2013 qui arrivent ci vont faire parler d’elles. Que les gars des partis politiques là vont encore nous sortir les touches comme à l’époque des Zangalewa. On m’a dit de fermer ma bouche. Que je suis incapable de devenir un simple conseiller municipal. Wandafullll !! Il y a une semaine, mon téléphone sonne à 6h du matin. C’est une « mémé » de mon quartier d’enfance à Bafang, dans la région de l’Ouest, qui appelle. Ce n’est pas le miracle du Christ ça ? Où a-t-elle pris mon numéro ? Comme dans un camp de concentration de Nazis, j’ai subi, sans placer un seul mot, ces propos : « On m’a dit que tu vois déjà l’avenir comme les marabouts ici, hein ! Arrêter ça ! Ne parle plus de politique, nous sommes au courant ici. Ce n’est pas bien à ton âge. N’entre même pas dedans mon fils. Si on donne ta part de riz et de poissons comme nous, prends, manges et dors tranquillement. Ta part quoi dedans. Mais garde tes visions pour toi seul ». Elle parlait vite comme une kalachnikov par un belligérant pour massacrer son vis-à-vis. Que les gars de la Séléka ne me regardent pas. Pardon, je ne parle pas de vous. Quand la même a fini, j’ai seulement entendu : « Crack ! ». Où c’est le crédit qui est fini oooo, ou c’est elle qui a raccroché ooooo… ? Je ne sais pas. Depuis ce jour, j’ai fermé ma bouche et ouvert grandement mes yeux.
La campagne a débuté le 15 septembre 2013. J’ai fait fi de ne pas voir et de ne pas commenter. « Chassez le naturel, il revient au galop », dit l’adage. J’ai décidé de faire mes 100 pas. Un-deux, comme maman Foning Françoise, le « Usain Bolt de la marche à pied » est en action. N’est-ce pas j’avais bien dit. Tous les « politicars », or, les « Pourriticiens », pardon, les Politiciens sont dehors. Des fantômes disparus depuis les dernières élections en 2007 sont revenus à la vie. On dirait que je regardais le clip « Thriller » de Michael Jackson. Tous s’autoproclament Démocrates ; des hommes de bonne foi dotés d’une sincérité à nul autre pareil. Ils ont réquisitionné tous les moto-taximen, les cargos et les sans emplois pour battre campagne. Tous les poteaux électriques et les murs de maisons portent leurs éffigies. Je me demande bien, en tant que futurs dirigeants communaux, s’ils savent que l’affichage sauvage est interdit par la loi camerounaise. Ils font des descentes inopinées dans les marchés de la capitale ; torturent le cerveau de mes pauvres amies bayam-sellam avec le gros français de Molière et présentant des liasses d’argent. Question de rappeler aux potentiels électeurs qu’ils ne sont pas des foirés. Idem dans les quartiers. J’étais avant hier dans une maison en « carabotte » avec un mur incliné à 130° pour un boulot. Des mecs arborant les couleurs de leur parti politique, comme s’ils étaient devenus des panneaux publicitaires, ont surgi dans le salon, sans notre consentement. Des gars que tu aperçois seulement à la télévision ou dans un aéroport. Les snobs d’hier se font tous petits aujourd’hui devant la ménagère, le ou la gérant(e) du call-box, le pousseur et les autres. Ils sollicitent leur suffrage le jour-j. Ils brandissent des spécimens de bulletin de vote et cherchent à leur asphyxier avec des slogans creux : « Je veux aller à l’Assemblée nationale » ; « Donnez-moi Douala pour le développement » ; « Je veux Douala pour instaurer la paix, la joie et le partage » ; « Donnez-moi la députation pour continuer à chasser le lion », « Vivre ensemble », « Le changement c’est tout de suite », « Je suis le meilleur candidat »… Comme si avant, on ne vivait pas ensemble, on ne vivait pas en paix, on ne partageait rien. Tsuip !!!
Ils ont peut-être oubliés le principe africain qui est basé sur la générosité. Quand il y en a pour un, il y en a pour deux ; bien que les temps soient durs. Pas besoin d’invitation pour venir manger chez ton frère. Quand ton voisin a un peu, tu ne dors pas affamé. Dans les bars ou le tourne dos du coin, on se partage gentiment une bière (bien glacée), un verre de matango (vin de palme) ou un mégot de cigarette. Sauf si tu es… Bon ! A les écouter dans les débats télévisés, ces « politicars » assoiffés de pouvoir sont ridicules voire pathétiques. Membre du parti au pouvoir ou de l’opposition, ils ont le même programme politique. Le premier programme est de gagner cette élection avec 100% de voix. Le second est d’injurier copieusement son adversaire politique et faire croire aux téléspectateurs qu’il est le meilleur orateur. De ce fait, ils promettent le bien-être et le mieux-être. Où étiez-vous depuis les années ? Beaucoup d’entre eux ont du mal à gérer d’abord leur foyer. D’autres chiffonnent leurs employés comme des moins que rien. Allez par exemple à l’aéroport de Douala où le siège de l’un d’entre eux est basé et vous comprendrez. Avec ça, ils prétendent gérer véritablement nos communes et nous représenter valablement à l’Assemblée nationale. N’importe quoi !!! Mon pote vient de me dire que si c’est sur lui qu’on compte pour avoir même « hap » voix, qu’on se décourage. Je le comprends. Sa confiance à « l’homme politique » camerounais a été avalée par son chien Loulou. Werrr !! Mais comme on connait déjà le lendemain du 30 septembre 2013, on va faire comment ? Certains seront maires, d’autres conseillers municipaux. D’autres encore, des députés de la Nation. Et après, on se reverra dans cinq ans. C’est ça la « Pourritique démocratique » dans mon Cameroun chéri. A bientôt chers « politicars » !
Frank William BATCHOU